MARATHON
Il y a plus d'une heure que le premier coureur
A brandit le bouquet réservé au vainqueur.
Mais les gens sont restés, ils attendent le dernier
Qui bientôt dans le stade, va enfin pénétrer.
Mais la foule se lève, le voilà qui arrive
Épuisé, fatigué, il est à la dérive.
Il voit l'anneau de piste qu'il reste à parcourir
Pour atteindre la ligne et enfin en finir.
Tous les spectateurs crient leurs encouragements
A celui qu'ils admirent pour son entêtement.
Et voilà qu'il titube, sa course n'est plus droite
Son corps est déformé par la souffrance, il boite.
Dans la ligne opposée, il trébuche, il s'affale
Sur la piste en tartan. Est-ce la chute fatale ?
Avoir autant souffert pour en arriver là
Ce serait bien trop bête d'échouer à cet endroit.
D'un signe de la main, que l'on distingue à peine
Il écarte tous ceux qui stopperaient sa peine.
Il se relève seul et repart dans l'horreur
Des immenses souffrances qui torturent son corps.
C'est par automatisme qu'il fait de nouveaux pas
Ne sachant plus très bien où il est, où il va.
Enfin elle est ici, la ligne qu'il faut couper
Encore un pas de plus et il est arrivé.
La foule crie plus fort, l'encourage et le porte
Vers la fin du martyr où tous ces cris l'emportent.
Il franchit l'arrivée et s'écroule en avant
La face contre le sol, quasiment inconscient.
On le couvre, on l'emporte vers le calme olympien
Où il a droit d'entrer pour respirer enfin.
Maintenant qu'est finie cette course meurtrière
Des Dieux du stade il est un membre à part entière
Car comme le baron Pierre de Coubertin disait :
"L'essentiel n'est-il pas d'avoir participé ?"
GEDE