- Papa, raconte-moi, comment c'était
autrefois, comment on vivait. quand on n'avait pas de spacemobile, comment
faisaient les gens quand tout n'était pas automatique.
- Je vais te parler d'une époque très
lointaine. C'était le début du XXIème siècle, et l'an 2000 était encore proche.
C'était une époque où les hommes ne
connaissaient pas encore tous les secrets de la vie. Ils n'avaient pas maitrisé
la maladie, les femmes enfantaient dans la douleur et l'on pouvait mourir à
tout moment de vieillesse, de maladie, d'accident. Mais si on mourait
quelquefois très jeune, il y eu quand même une femme qui aurait vécu plus de
120 ans.
En ce temps là, les maisons n'étaient pas
abritées sous les bulles climatisées et la vie était rythmée par les saisons.
Il y en avait 4. Les 2 principales étaient l'été et l'hiver et la vie n'était
pas la même suivant la saison dans laquelle on était. En été, bien qu'il fasse
très chaud, les gens allaient s'étendre quasiment nus sur les plages, là où il
faisait encore plus chaud. En hiver, qui était la saison froide, ils allaient
dans les montagnes où il faisait encore plus froid.
Dans le sud Pacifique, l'eau n'était pas brune comme maintenant et les îles n'étaient
pas des terres brûlées. C'est à cette époque que les hommes ont fait des
expériences qu'ils croyaient sans conséquences et ce n'est qu'au fil des années
qu'ils constatèrent leur erreur. Mais avant, ce coin de terre était ce qu'ils
appelaient un paradis : l'eau était bleue et claire, le sable blanc et la
végétation luxuriante était dominée par les cocotiers.
A cette époque, tout s'achetait avec de
l'argent. La nourriture, les vêtements, le logement : tout se payait. Et pour
obtenir de l'argent, sauf pour quelques malins plus ou moins honnêtes, il
fallait travailler. Mais du travail, il n'y en avait pas pour tout le monde.
Aussi, certains avaient beaucoup d'argent, et même à ne savoir qu'en faire,
alors que d'autres n'en avaient pas du tout. Ceux-ci ne pouvaient pas se loger, s'habiller et ils
ne se nourrissaient qu'avec des aliments que leur donnaient gentiment des
personnes plus favorisées. C'était le règne de l'inégalité.
A cette époque, les gens se déplaçaient dans
des voitures. Celles-ci roulaient par terre. Et dans les villes, il y en avait
tellement qu'elles ne pouvaient plus avancer. On se demande même pourquoi ils
utilisaient ces véhicules puisque les gens qui marchaient allaient plus vite.
A cette époque, le monde était divisé en
parcelles plus ou moins grandes et chaque parcelle était sous les ordres d'un
chef. En général, le chef était désigné par le peuple à intervalles réguliers.
Quand une telle désignation devait se passer, ceux qui voulaient être chef à la
place du chef expliquaient aux autres ce qu'ils feraient quand ils seraient
chef. Puis chacun votait pour le chef qu'il voulait. Mais le nouveau chef ne
faisait pas toujours ce qu'il avait promis de faire. Alors les hommes se
mettaient en colère, arrêtaient de travailler, allaient crier dans la rue leur
mécontentement et demandaient plus
d'argent. Mais puisqu'ils ne travaillaient pas, ils en avaient encore moins.
Toutefois, en général, le chef, qui avait peur de perdre sa place de chef,
revenait sur ses décisions et donnait satisfaction au peuple. Ce système
s'appelait la démocratie.
Et puis, il y avait la guerre. Comme les
hommes étaient inégaux, chacun enviait ce que l'autre avait et qu'il n'avait
pas lui-même. On se battait parce qu'on n'avait pas le même dieu, la même
couleur de peau, les mêmes idées. Parce qu'on voulait être plus fort que l'autre,
avoir plus d'argent, plus de place, être plus puissant. Et les hommes
s'entretuaient avec des bâtons, des couteaux, des fusils, des canons, et même
des bombes qui détruisaient toutes vies où elles tombaient. L'inégalité avait
engendré la haine.
- Mais Papa, ces gens devaient être bien
malheureux dans cette vie où il fallait toujours se battre pour manger, pour
vivre.
- Oh ce n'était pas tout le temps comme ça,
heureusement !
Par exemple, à chaque fin d'année il y avait
un événement, une fête. On ne sait toujours pas s'il s'agit d'une légende ou de
la réalité. Déjà à cette époque, certains y croyaient et d'autres n'y croyaient
pas. Un vieillard, avec une longue barbe blanche, vêtu d'un grand manteau
rouge, venait du ciel. Pour se déplacer, il avait un traineau tiré par des
rennes. Et celui-ci glissait dans l'espace, comme nos spacemobiles, alors que
ce type d'engin n'était pas encore inventé. De plus, sur les gravures d'époque
que nous avons retrouvées, on ne voit aucune trace de moteur à cet engin. Quoiqu'il
en soit, ce personnage, allait de maison en maison pour distribuer des cadeaux
à tous, et tout cela en une nuit. Et cette nuit là, ainsi que le jour qui
suivait, tous les hommes, ceux qui y croyaient et ceux qui n'y croyaient pas,
faisaient une trêve, chassaient leurs travers et tout le monde devenait bon,
tout le monde devenait gentil. Mais malheureusement, tout cela ne durait qu'une
journée. Cette fête était organisée en souvenir de la naissance d'un homme
qu'un Dieu aurait envoyé sur terre pour réconcilier tous les hommes entre eux.
Même s'il a partiellement échoué, il avait réussi au moins pour une journée par
an et ce n'était déjà pas si mal.
- N'empêche, Papa, que la vie ne devait pas
être drôle tous les jours. Ces hommes qui devaient se battre pour vivre, qui se
fatiguaient au travail et qui ne savaient jamais de quoi demain serait fait...
- Ne crois-pas ça fiston. Ces hommes
n'étaient pas tous mauvais. Nous leur devons beaucoup. Certains partageaient
leur bien avec ceux qui n'avaient rien. Certains travaillaient à alléger les
contraintes de la vie. : Tout ce que nous savons aujourd'hui est parti ce
qu'ils nous ont appris. Ils ont réalisé
des choses qui à cette époque étaient formidables. Comme par exemple ce pont
désaffecté qui enjambe la Seine à la sortie de la ville, il date de cette
époque. S'il avait encore une quelconque utilité, avec une bonne toilette et un
peu d'entretien, il pourrait encore servir de nos jours.
La vie
de ces hommes avait des intérêts que nous avons malheureusement perdus
aujourd'hui. Nous avons voulu l'ordre, l'égalité, la paix. Nous les avons, mais
nous avons du les payer cher.
Ceux qui luttaient contre l'inégalité en
faisant le bien autour d'eux ressentaient à l'intérieur d'eux même une certaine
forme de bonheur. Donner à manger à celui qui à faim, offrir des vêtements à
celui qui a froid, procurer un toit à celui qui n'en a pas apportait autant de
joie à celui qui donnait qu'à celui qui recevait.
Contre les inégalités, il y avait la charité,
contre la haine, il y avait l'amour. En supprimant l'un, on a oublié l'autre.
En maitrisant la vie, le temps, on a perdu toute notion de hasard qui, disaient ces anciens, était le sel de la
vie. Le progrès a agit comme un rouleau compresseur. La vie est devenue comme
une route plate et droite où l'aventure
n'a plus droit de cité. Dans ce monde ordonnancé, planifié, ou tout est
programmé, décidé d'avance, automatisé, demain sera comme aujourd'hui qui
ressemblait à hier. On ne peut plus dire comme à cette époque : "Demain
sera un autre jour".
- Mais Papa tu sais que le règlement interdit
de critiquer notre système de vie.
- Je sais, fiston, mais si je le fais
maintenant, c'est que ce vieillard qui venait apporter le bonheur dans toutes
les maisons autrefois, s'il existait encore c'est cette nuit même qu'il
viendrait.
Mais je ne t'ai même pas dit son nom ;
c'était le Père Noël et c'était vachement bon d'y croire.
Gédé
2 commentaires:
Absolument MAGNIFIQUE, mon Ami...
allez, c'est tellement beau... soyons fous, je t'embrasse !
Pour ce commentaire élogieux, qui flatte mon côté cabot, tu as raison, soyons fous, MERCI !
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