J’étais en train de mettre mes boules
dans le sapin quand j’ai appris le décès de Jacques Chancel. J’avais écrit
quelques nécrologies d’avance comme celles de Charles Aznavour ou d’Annie
Cordy, mais pour lui, je n’avais pas anticipé. Pourtant, me direz-vous, avec un
nom comme ça, il fallait s’attendre à ce qu’il tombe incessamment. De plus,
quand on a réalisé autant de radioscopie, on s’expose au cancer, un cancer
classique même, quand on aime autant la grande musique. Il me fallait donc me
mettre à l’ouvrage, pas facile quand il s’agît de quelqu’un comme lui qui n’est
pas un défunt de série.
Surtout connu pour ces « grands
échiquiers », je me remémorais ces émissions dans lesquelles il recevait
plein d’amis brillants (mais pas Dany Brillant alors trop jeune) comme Stone et
Charden chantant Lino Ventura, Raymond Devos, Guy Bedos et d’autres humoristes
en « os » et en chair.
Devant la dépouille de cet homme de radio
et de télévision exceptionnel, on ne peut que tirer son chapeau (Pour l’hommage à Joe Cocker,
c’est le contraire : you can leave your hat on).
2 commentaires:
Voila un homme que j'appréciais énormément ; il m'a accompagné pendant 40 ans, aussi bien à la radio qu'à la télévision.
Ta nécrologie lui rend un bel hommage, soi en remercié
Mon frère Jacques s'en est allé à la veille de Noël, lui qui toute sa vie a fait cadeau des belles symphonies et des grands textes aux indigents culturels. Il était tellement fier de présenter les maestros et les divas que, dans sa bouche, le nom de Rostropovitch s'allongeait de deux syllabes. Chancel le bien nommé. Car la vie lui a longtemps souri. Durant six décennies, nous nous sommes retrouvés chaque mois tête à tête sans que je l'entende dire du mal de personne. Certes, il n'était pas dupe mais plutôt que de hurler méchamment avec les loups, il préférait s'en tirer avec un trait malicieux ou -- lorsque c'était grave -- à l'aide de ces silences dont il avait découvert les vertus en allant aux concerts. Il aimait la famille, l'amour, les voyages et ses chères Pyrénées où il a souhaité affronter l'éternité. Il était le frère que m'avait refusé la nature et accordé l'amitié. Nous n'avions que quelques mois d'écart mais il me laisse orphelin.
Philippe Bouvard ( Figaro-Magazine du 2/01/15 )
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