mercredi 11 janvier 2017

UN BATEAU... UNE HISTOIRE

AMERICA


         C’est le 22 août 1938 que l’AMERICA est mis en construction aux chantiers Newport Shipbuilding and Drydock Company en Virginie. Baptisé par Eléonore Roosevelt et lancé le 31 août 1939, il entre en service le 22 août 1940 pour l’United States Lines. Et c’est une carrière aventureuse terminée par une longue agonie qui attend le navire. 


Sa première période de transatlantique est courte. Alors que les États-Unis ne sont pas encore entrés dans le conflit mondial, 2 grands drapeaux américains sont peints sur sa coque ainsi que « Unites States Lines ». De plus il navigue la nuit tout illuminé et prend des routes plus sûres que les routes conventionnelles. En janvier 1941, il est équipé d’une protection contre les mines.
         Le 28 mai 1941, il est réquisitionné par l’US Navy. Deux espions nazis se glissent dans l’équipage et renseignent l’ennemi sur les mouvements de navires et les installations militaires. Le réseau s’étend jusqu’à 31 membres avant que le FBI découvre l’affaire baptisée « Duquesne Spy Ring » et que les coupables soient emprisonnés pour une quinzaine d’années.
 Suite à l’attaque de Pearl Harbour, il est transformé en transport de troupes et est rebaptisé « USS WEST POINT ». Il transportera 350 000 soldats.
         La paix revenue, il reprend sa carrière civile et assure la ligne New York – Le Havre – Southampton à partir du 14 novembre 1946. Il s’appelle à nouveau « AMERICA ». A partir de 1960, il est affecté aux croisières.


En 1964, il est vendu à la compagnie grecque « Chandris Group » et est renommé « AUSTRALIS ». Il subit une refonte lui permettant d’embarquer 2000 passagers pour faire la liaison entre l’Europe, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
         Après 14 ans, il est revendu à la Venturi Cruise de New York et reprend son nom d’  « AMERICA » et est repeint en bleu. Il quitte New York le 30 juin 1978 mais fait demi-tour avant même de passer la statue de la Liberté à la suite d’une mutinerie des passagers, tant l’état du navire est lamentable. Les services sanitaires des États-Unis lui attribuent la note de 6/100.


Quand il arrive à Nova Scotia (Nouvelle Ecosse), le 3 juillet, 2,5 millions de dollars de plaintes ont été déposées contre l’armateur. Les croisières suivantes sont annulées et le navire est saisi.
         Pour un million de dollars, la Chandris Line récupère son navire. Elle le modernise, enlève une cheminée et le rebaptise « ITALIS ».  Outre quelques croisières, il servira surtout de navire hôtel, avant d’être revendu en 1980 à la Intercommerce Corporation.
Renommé « NOGA », il doit être reconverti en prison, chose qui n’arriva jamais. Il est alors revendu à la Silver Moon Ferries qui le baptise « ALFERDOSS » (Paradis).  Quand une canalisation explose et que la salle des machines et le quartier des équipages sont noyés, le bateau prend du gîte. Il est échoué pour éviter le naufrage. Il est vendu pour 2 millions de dollars à la démolition. Mais la somme n’ayant pas été versée en totalité, seuls les canots de sauvetage et les bossoirs sont démontés. Il restera dans cet état jusqu’en 1993 quand il est revendu pour devenir, soit une prison, soit un hôtel, en Thaïlande.
Malgré les années de négligence, la coque est toujours en bon état. On l’ampute de ses hélices et on le rebaptise « AMERICA STAR » pour quitter la Grèce remorqué par le navire ukrainien « Neftegaz 67 ».
Le 15 janvier 1994, sa remorque se brise et l’équipage est hélitreuillé avant que l’épave s’échoue aux Îles Canaries. En 1996, attaqué par les vagues, il se casse en deux derrière la 2ème cheminée et la partie arrière coule. La partie avant reste debout sur la plage. En novembre 2005, assailli par la mer, la partie bâbord s’effondre et la seconde cheminée disparait. L’épave repose sur le côté gauche. Un an plus tard, il s’effondre sur lui-même. On peut encore distinguer quelques restes à marée basse.

L'América en 2004

2 commentaires:

DAN a dit…

C’est une histoire tout à fait extraordinaire et longue que celle de ce paquebot, elle est digne d’être racontée par Hollywood, comme le fut celle du Titanic sur une plus courte période !

phyll a dit…

très intéressante l'histoire de ce paquebot qui, hélas, à eu lui aussi une triste fin !...