mercredi 19 mars 2014

LE HAVRE, MA VILLE...

LES ÉDITIONS DE L’AIGUILLE... 
creusent leur trou


Fondées en 2009 par André Brochec, les Editions de l’aiguille, sises à Etretat ont fêté leur 5ème anniversaire samedi après-midi à La Galerne avec trois de leurs auteurs venus dédicacer leurs œuvres pour leurs lecteurs.


Louis PORQUET – Poète, journaliste, essayiste et librettiste qui présentait « Route de nuit », recueil de 18 nouvelles « qui nous entraînent dans  l’univers onirique d’un authentique poète et nous enveloppent comme un essaim de rêves flottants. »


Yoland SIMON – qui présentait « Page à page » qui rassemble ses chroniques littéraires diffusées depuis une dizaine d’années sur Radio Albatros ainsi que « Le roman du Havre » où il nous conte ses souvenirs de havrais.


Catherine VARGUES  - Cette ancienne professeur de lettres présentait 2 recueils de nouvelles : « Adieu pigeon » et « Souvenirs de la maison d’Yvonne » 

http://leseditionsdelaiguille.blogspot.fr/

10 commentaires:

jeanpaul76 a dit…

Salut ami
Une enrichissante journée à la galerne alors !
Bonne journée

Gédé de Le Havre a dit…

@ Jean Paul : Surtout quand on y rencontre Dan et le Père Cantoch...

DAN a dit…

Avec les potes une journée n'est jamais perdue, en tous cas Gédé tu as le sens du titrage bravo !

l'père Cantoche a dit…

Heureux de t'avoir rencontré avec ton épouse en ce beau jour à la Galerne. Un bon moment passé ensemble autour des auteurs des éditions de l'aiguille notamment le sympathique et talentueux Yoland Simon dont j'ai publié quelques extraits de ces livres sur mon blog :
http://percantoch.blog.mongenie.com/index.php?idblogp=1938235&p_id=715823
http://percantoch.blog.mongenie.com/index/p/2014/01/1944446
http://percantoch.blog.mongenie.com/index.php?idblogp=1884527&p_id=705558
sans oublier son remarquable et jubilatoire billet d’humeur sur les manifestants opposés au “ Mariage pour tous :


“ Vous les avez traînés de dimanche en dimanche, dans les jupes de maman, sur les épaules de papa. Vous leur avez appris à répéter comme des perroquets les slogans de vos manifs, vous les avez enrégimentés dans vos croisades d'un autre âge, vous les avez gavés de vos morales familiales et des radotages du presbytère, vous leur avez inculqué vos ataviques préjugés et vos phobies héréditaires. En vérité qu'avez-vous fait de ces enfants ? Qu'avez-vous fait de nos gentils galopins qui tiraient les sonnettes des voisins et les tresses des filles, des gamins toujours prêts à se bagarrer avec les garnements d'un autre quartier, des polissons qui dénichaient des nids dans leurs rondes buissonnières et même des enfants de choeur qui sirotaient le vin de messe à la barbe du curé ? Qu'avez-vous fait des charmants titis de Mick Micheyl, des petits poulbots aux yeux écarquillés de nos fêtes foraines, des copains de Jean-Pierre Léaud rêvant, devant les cinémas, aux rondeurs de Sophia Loren ? Qu'avez-vous fait des écoliers de Doisneau, des Gavroche de Victor Hugo, du Momo de Romain Gary, de la Zazie de Raymond Queneau ? Oui vraiment, tristes cagots, qu'avez-vous fait de nos enfants, de vos marmots ? “

Yoland le mécréant

...Notre sympathique après-midi à la Galerne se terminant à la cafétéria de cette superbe librairie autour du café de l'amitié avec Dan notre potavrais chapeauté qui connut lui aussi les honneurs mérités d'une séance de signatures dans ce haut-lieu de la culture Havraise pour son remarquable livre " Le Havre 100 ans de changements "...
à quand la parution de ton remarquable et spirituel " Abécédaire "...??
Bien amicalement

DAN a dit…

Je signe et approuve ton commentaire l'père cantoche, en effet a quand ton abécédaire sur toutes les tables de chevet havraises Gédé !?

Gédé de Le Havre a dit…

Merci au Père Cantoch pour cet excellent billet d'humeur de Yoland Simon. Ayant entamé "Le roman du Havre", ça confirme ce que j'ai ressentit à cette lecture : cet homme écrit remarquablement bien ! et non seulement il gagne à être connu, mais surtout ses lecteurs gagnent à le connaître.
Quant à mon abécédaire, je l'ai fait pour une diffusion uniquement familiale et amicale. Pour franchir un autre pas, il faudrait que je l'épure de quelques définitions et des illustrations dont je n'ai pas le copyright. C'est donc un gros boulot et ce n'est donc pas pour demain. Mais devant cette insistance, j'y réfléchis pour après-demain...

l'père Cantoche a dit…

Ne pas oublier les jolies nouvelles de Catherine Vargues dont j’ai publié un extrait sur mon blog.
Je n’ai encore rien lu de Monsieur Porquet mais cela ne saurait tarder.

http://percantoch.blog.mongenie.com/index.php?idblogp=1909983


“ J'ai programmé la mort du poisson noir. Il a rejoint dans mon congélateur ses demi-frères, cabillauds et harengs saurs, déjà réduits quant à eux à l'état de filets. Pas de bombe sur sa pauvre petite tête, pas de mine sous son pauvre petit ventre. Quelques cuillerées d'eau dans un bol jaune et bleu ; trois heures à moins dix-huit parmi mes surgelés pour une mort lente et douce.
On ne savait rien de lui. Fin septembre, le bocal avait réapparu sur l'étagère de la chambre de Claire ; quelques jours plus tard, elle était rentrée triomphante, balançant au bout de son bras un petit sac de plastique transparent dans lequel nageaient deux poissons : le poisson rouge et le poisson noir. C'était bien lui, le poisson noir, le plus joli des deux. La couleur de sa peau lui donnait un éclat, une présence ferme, une petite allure définitivement musclée que n'avait pas le poisson rouge, un peu fade, un peu terne et falot, comme nous le sommes souvent, nous les blancs à peau rose.
Dans le bocal, les deux nageaient sous une branche de palmier géant, sous l'oeil vif de Momo, la belle chatte qui, deux ans plus tôt, après avoir pêché un poisson gris, l'avait abandonné sur l'étagère, sans queue et sans vie. Les deux nageaient, sans voir la chatte. Le bocal parfois quittait l'étagère et l'ombre du palmier pour un séjour en sécurité, à l'abri de Momo, sur le rebord intérieur de la fenêtre de la salle de bains. C'est là qu'un matin j'ai remarqué la danse étrange du poisson noir. Il nageait encore, mais sur le côté, comme un petit bateau déséquilibré par son lest mal arrimé. Ses jolies petites nageoires qu'il agitait par mouvements calmes et coulés ne lui étaient d'aucun secours pour retrouver son équilibre. Pendant des jours, il a dansé sa dance de mort. Il mangeait cependant, en ouvrant de biais sa bouche noire, à la surface de l'eau, couché sur le côté. Tous les matins, je m'étonnais de le trouver encore en vie. Dix fois je l'ai cru mort ; à chaque fois, il repartait en tournant lentement sans plus jamais pouvoir atteindre le fond du bocal.
L'explication de son étrange comportement m'est venue de Cado, un soir qu'il réparait le lave-vaisselle. Après m'avoir reproché d'allumer trop rapidement la lumière au dessus des poissons : " Tu les effraies, ils n'ont pas de paupières ", il a diagnostiqué un problème de vessie natatoire, quelque chose à l'intérieur de son ventre qui n'allait plus, qui l'empêchait de nager droit ; aucun doute là-dessus, il fallait en finir. Oui, mais voilà comment le tuer ? Le priver d'eau ? Le laisser s'étouffer ? C'est Cado encore qui m'a fourni la solution : trois heures dans l'eau, à moins dix-huit. Une mort lente et douce. Un engourdissement fatal et sans douleur ni sursaut qui m'a rappelé ces skieurs perdus dans la nuit à Chamrousse, retrouvés morts au matin, gelés, à quelques mètres de la route qui les aurait sauvés si le froid n'avait endormi leurs deux corps avant qu'ils ne l'atteignent.
Vers vingt et une heures, j'ai sorti le bol du congélateur sans oser regarder le poisson.

( à suivre )

l'père Cantoche a dit…

( Suite )

Comment font les Rwandaises pour poser leur regard sur un enfant mort qu'une machette a coupé en morceaux ? Comment font-elles les Ethiopiennes qui attendent ou qui marchent, les yeux ouverts et fixes, un enfant mort accroché à leur ventre ? Comment les femmes Afghanes ? Quelle force ? D'où leur vient-elle, quand la super Daisy Cutter a pilonné leur vie. L'hypothétique Vierge Marie a-t-elle levé ses yeux sur son Jésus pas encore super-star, vinaigré, couronné d'épines, cloué aux quatre membres ? Quel courage leur faut-il aux mères de Palestine, d'Israël, et d'Amérique aussi ? Muriel a-t-elle pu regarder James jeté sur la chaussée, tout près de sa moto ? Et toi, Nadine, a-t-il fallu que tu voies ta Sarah, bousillée dans son amas de tôle ?
Douleur... C'est à peine si nous osons t'imaginer, quand à peine nous osons poser notre oeil sur un poisson mort dans une flaque de glace."


( " La mort du poisson noir "
Nouvelle issue du recueil " Adieu Pigeon " de Catherine Vargues )

Gédé de Le Havre a dit…

Excellent ! ça donne envie. Mais moi j'ai acheté l'autre "Souvenirs de la maison d'Yvonne" et il n'y a aucune raison pour que ce soit moins bon.

l'père Cantoche a dit…

@ Gédé
Aucune raison, en effet et,
tu m'en diras des " Nouvelles "...